Je ne prends pas de poids, c'est nerveux

Vous chassez le moindre gramme superflu, qu’il s’agisse de masse grasse comme de masse maigre. Et pourtant : plus fort ne veut pas forcément dire plus lourd ! La preuve en est, avec l’épisode biblique relatant la victoire de David sur Goliath. Cet argument ne vous convainc pas ? Et pourtant, la musculation ne transforme pas nécessairement un individu en bodybuildé. Les culturistes diront d’ailleurs qu’il est aussi difficile de prendre de la masse (maigre) que d’en perdre (masse grasse).

 

Je ne prends pas de poids, c'est nerveux

Modélisation de Fukunaga (1976) montrant l’enchaînement des phénomènes physiologiques dans le processus d’augmentation de la force au sein du muscle.

  1. Lors de l’exercice, peu de fibres musculaires sont utilisées. Dans cette phase qui dure au minimum 2 semaines, les gains de force observés sont uniquement liés à l’effet apprentissage.
  2. De 2 à 10 semaines, les gains de force sont principalement liés aux facteurs nerveux et n’engendrent pas de prise de poids : coordination entre les muscles, synchronisation et recrutement d’unités motrices supplémentaires (une unité motrice est un motoneurone innervant plusieurs fibres musculaires) et amélioration de la coordination réflexe.
  3. C’est seulement à partir de la 10ème semaine que l’on peut observer une quelconque hypertrophie musculaire.

C’est donc seulement à partir de 10 semaines d’un entrainement assidu (3 fois par semaine minimum) et intense que l’on peut observer une prise de masse. A soulever de la fonte à raison d’une ou deux fois par semaine, il n’y a donc aucun danger que l’athlète se transforme en culturiste. D’autant plus que le contenu des séances de musculation sera différent. La preuve nous en est également donnée par nos propres sensations : après les premières séances, on ne ressent plus les courbatures, synonymes d’une reconstruction du tissu musculaire.  

Faut-il conclure qu’une préparation en musculation ne doit pas excéder 10 semaines ? A titre personnel, je pense qu’elle doit être planifiée tout au long de l’année car on régresse plus vite qu’on ne s’améliore. A condition toutefois de respecter 2 conditions : une adaptation des charges pour le sportif d’endurance (A contre-courant) et un entrainement aérobie parallèle. Ce dernier critère est corroboré par les physiologistes qui s’accordent à dire que les sports d’endurance inhibent les effets de la musculation sur le développement musculaire, comme le montre le schéma suivant. 

Je ne prends pas de poids, c'est nerveux

L’entrainement aérobie inhibe le développement musculaire (Sport et Vie n°141)

L’explication est un peu complexe, mais retenons qu’un effort en aérobie inhibe l’activation d’une protéine appelée « mTOR », celle-là même responsable du phénomène d’hypertrophie.  Afin d’illustrer le propos, prenons deux sportifs ayant le même plan d’entrainement en musculation, à la différence près que l’un d’eux pratique en plus un sport d’endurance. Et bien ce dernier ne prendra pas une once de muscle, quand l’autre pourra avoir développé sa musculature !

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